Mogadiscio, le 3 novembre 2023 – Les journalistes somaliens se sont joints au reste du monde hier pour commémorer la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes en appelant à faire davantage pour les protéger contre les attaques, notamment en menant des enquêtes rapides et expéditives sur leurs cas.
L’appel a été lancé lors d’un événement organisé à Mogadiscio par l’Union Nationale des Journalistes Somaliens (NUSOJ) avec l’appui de la Mission de Transition de l’Union Africaine en Somalie (ATMIS), pour discuter de la manière d’améliorer la sécurité des journalistes en Somalie.
« Il ne peut y avoir de bonne gouvernance et de responsabilité s’il n’y a pas de presse libre, si ses droits ne sont pas respectés et si l’accès à l’information publique est restreint. Il y a un besoin constant d’informations, il vaut donc la peine d’œuvrer pour la sûreté et la sécurité des journalistes somaliens, en particulier en ce jour important », a déclaré le président de la cour suprême de la Somalie, Bashe Yusuf Ahmed, quand il présidait l’événement jeudi.
Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), entre janvier 2019 et juin 2022, 759 attaques individuelles contre des journalistes, dont cinq assassinats, ont eu lieu lors de 89 élections dans 70 pays.
Le président de la cour suprême a toutefois indiqué que si la liberté de la presse est essentielle à la bonne gouvernance, les médias ont également l’obligation de fournir des informations factuelles et exactes.
Plus de 60 journalistes provenant de divers médias ont participé à l’événement commémoratif ayant pour thème : Exiger justice pour les journalistes – Une position contre l’impunité, conformément à l’initiative de l’UA « Faire taire les armes », qui repose sur l’engagement politique des États membres de l’Union Africaine à éradiquer les déclencheurs sous-jacents du conflit.
Pour sa part, le Secrétaire Général de la NUSOJ, Omar Faruk Osman, a dénoncé le nombre croissant de crimes commis contre les journalistes, indiquant que 62 journalistes ont été tués et 67 autres blessés au cours des 13 dernières années en Somalie, et a appelé à des mesures fermes.
«Aujourd’hui, alors que nous célébrons la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité pour les crimes contre les journalistes, nous appelons à des enquêtes rapides contre les auteurs de ces crimes. En outre, nous exigeons que cesse la protection des auteurs ou des personnes derrière les assassinats ciblés de journalistes », a déclaré M. Osman.
En outre, M. Osman a appelé à la mise en œuvre efficace du Plan d’Action National pour la sécurité des journalistes en Somalie, au renforcement du système de justice pénale pour traiter et poursuivre les auteurs de crimes contre les journalistes, ainsi qu’à la collaboration et au soutien internationaux pour lutter contre l’impunité aux niveaux fédéral et des États.
Le Secrétaire Général a indiqué qu’en plus d’être délibérément pris pour cibles, les journalistes somaliens étaient menacés et intimidés, tandis que d’autres étaient contraints à l’exil, étouffant ainsi la liberté d’expression, essentielle à la bonne gouvernance.
Pour Mme Idman Yahye Mohamed, une journaliste travaillant à Mogadiscio, l’événement a offert aux journalistes une plateforme pour parler des défis auxquels ils sont confrontés et explorer les moyens d’améliorer leur sécurité.
« En tant que journaliste somalienne, c’est un jour important pour moi et pour les autres journalistes, car nous pouvons chercher des moyens d’améliorer notre sécurité compte tenu des menaces auxquelles mes collègues et moi sommes confrontés dans l’exercice de nos fonctions », a-t-elle déclaré.
Mohamed Ahmed Rooraye, un autre journaliste travaillant à Mogadiscio, s’est montré optimiste et a déclaré : « J’espère qu’en célébrant cette journée, nous serons en mesure de parvenir à des résultats concrets qui contribueront à améliorer la sûreté et la sécurité des journalistes en Somalie. »