COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE (CUA)
MOT D’OUVERTURE
DE LA
CONFÉRENCE SUR LA SÉCURITÉ EN SOMALIE
PAR
LE DR. ALHADJI SARJOH BAH
DIRECTEUR,
DIRECTION DE LA GESTION DES CONFLITS
NEW YORK,
Le 12 décembre 2023
Excellence Monsieur le Président Hassan Sheikh Mohamud, Président de la République Fédérale de la Somalie
Excellence Madame Rosemary Di Carlo, Sous-Secrétaire Générale aux Affaires politiques et de consolidation de la paix
Excellence Madame Linda Greenfield, Ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies
Excellence Cheikh Shakhboot Nahyan Al Nahyan, Ministre d’État aux Affaires étrangères des Émirats Arabes Unis
Partenaires de la Somalie,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Président de la Commission de l’Union Africaine, Son Excellence Musa Faki Mahamat et du Commissaire aux Affaires Politiques, à la Paix et à la Sécurité, Son Excellence Bankole, c’est un honneur et un privilège de coprésider cette conférence sur la sécurité. Je voudrais exprimer la gratitude de la Commission de l’Union Africaine au Gouvernement Fédéral de la Somalie (GFS) pour avoir invité l’Union Africaine (UA) à coprésider cet important événement.
Permettez-moi de commencer par féliciter S.E. Monsieur le Président Hassan Sheikh Mohamud pour avoir organisé ce qui est un événement opportun. À l’heure où l’Afrique assiste à la multiplication des conflits, la Commission de l’Union Africaine (CUA) se félicite de constater qu’en Somalie, nous vivons un « vent de changement » – où une transformation positive est en train de s’opérer à différents niveaux.
L’UA reconnaît le fort leadership du Président Hassan Sheikh Mohamud, qui a contribué aux progrès positifs de la Somalie. Sous sa direction, la Somalie s’est unie et a investi dans la reconstruction des relations internationales. Le fait même que cette conférence ait lieu ici au Siège des Nations Unies témoigne de l’engagement de la Somalie en faveur de la paix, de la sécurité et de la coopération internationale.
En tant qu’État membre clé de la Corne de l’Afrique, l’UA est fière de sa collaboration de longue date avec la Somalie au cours des seize dernières années. Notre soutien à la Somalie s’est porté sur divers domaines, reflétant certaines des priorités continentales plus larges de l’UA.
Notre plus gros investissement à ce jour a été dans le secteur de la sécurité en Somalie, au prix de grands frais pour nos pays contributeurs de troupes/police (PCT/P). Je salue nos hommes et nos femmes qui ont consenti le sacrifice ultime au service de la paix en Somalie.
Grâce aux sacrifices des pays contributeurs de troupes et de police, combinés au courage des Forces de Sécurité Somaliennes (FSS), la Somalie a organisé trois élections successives avec des transferts de pouvoir pacifiques depuis 2012. Elles ont conjointement fourni un espace pour l’approfondissement de la fédéralisation à travers la Somalie que nous voyons progresser aujourd’hui. Elles ont également permis de réaliser des priorités clés telles que l’allégement de la dette d’ici la fin du mois, l’avancement du processus de révision de la constitution et la récente levée historique de l’embargo sur les armes pour permettre à la Somalie d’occuper la place qui lui revient dans la communauté des nations.
Nos efforts collectifs visant à fournir davantage d’espace pour permettre le renforcement des institutions et une législation de grande envergure ont aidé la Somalie à gagner la confiance régionale et internationale. L’admission de la Somalie à la Communauté Est Africaine (EAC) constitue une confirmation significative des progrès continus réalisés par le pays, sous la direction du président Hassan Sheikh Mohamud. Cette étape soutient la Vision du Centenaire 2060 de la Somalie pour une prospérité à long terme. Cela rapproche également la Somalie de l’UA, en soutenant notre plan directeur visant à transformer l’Afrique en une puissance mondiale du futur à travers l’Agenda 2063.
Au-delà de l’assistance continue de l’UA en matière de sécurité, pour garantir la paix et la sécurité en Somalie, notre solidarité s’est étendue à la Somalie à travers un soutien financier. En opérationnalisant la Facilité de Réserve de Crise du Fonds pour la paix de l’UA, nous avons contribué 2 millions de dollars américains en 2023 aux coûts de l’ATMIS et contribuerons 1,5 million de dollars supplémentaires avant la fin de 2023. Cela portera la contribution totale du Fonds pour la paix de l’UA à la Somalie à 3,5 millions de dollars en 2023.
Conscients de l’importance, les États membres de l’Union Africaine s’attachent également au soutien des efforts de paix en Somalie. Les États membres de l’Union Africaine contribueront à hauteur de 19 millions de dollars américains au budget de l’ATMIS en 2024 afin de couvrir partiellement le déficit budgétaire de l’ATMIS en 2024.
Si nous revenons au thème de la réunion d’aujourd’hui, et étant donné que les principaux partenaires de la Somalie en matière de sécurité assurent la coprésidence, l’Union Africaine a quatre messages clés à partager qui pourraient façonner nos discussions.
Tout d’abord, nous remercions le gouvernement fédéral d’avoir élaboré le « Livre blanc » sur la sécurité et le développement du secteur de sécurité et pour son processus inclusif, qui a inclus la participation de l’Union Africaine.
Nous pensons qu’il est essentiel que la Somalie commence à définir sa vision de la sécurité et à identifier le soutien futur qui sera nécessaire de la part des partenaires internationaux, y compris l’Union Africaine.
En tant que partisane clé de la paix et de la sécurité en Somalie, l’Union Africaine continuera d’offrir son soutien indéfectible à ses efforts – et n’abandonnera jamais l’un de ses membres fondateurs dans le besoin.
Dans ce contexte, nous saluons également la détermination des voisins immédiats de la Somalie à continuer de soutenir ses efforts de paix. Comme nous l’avons tous appris, un vide sécuritaire est intenable en Somalie. L’Union Africaine estime que cette conférence constitue un point de départ pour un engagement en faveur de la reconstruction et de la stabilité post-conflit en Somalie.
Deuxièmement, il est clair que le gouvernement fédéral est en train de prendre une mesure audacieuse en faveur de la consolidation de l’État, et l’Union Africaine soutient cette démarche. On espère que cela accélérera la capacité de la Somalie à assumer l’entière responsabilité de sa propre sécurité.
Cependant, pour y parvenir, l’Union Africaine exhorte la Somalie à maintenir sa tradition de consensus politique. Dans ce contexte, nous espérons voir des relations plus étroites entre le gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, notamment par le biais du Conseil Consultatif National (CCN) sous la direction du président Hassan Sheikh Mohamud. Nous pensons que ce forum fera en sorte que tous les Somaliens partagent une vision forte et unie.
Troisièmement, alors que nous nous concentrons sur la sécurité et le développement à long terme de la Somalie, nous devons garder à l’esprit le mot « maintenant », tel qu’il est articulé dans le « Livre blanc » du gouvernement fédéral. Nous devons soutenir les progrès réalisés par les Forces de Sécurité Somaliennes (FSS) dans la libération de plus de 80 sites d’Al-Shabaab en investissant davantage dans les efforts de stabilisation et les approches non militaires.
Le gouvernement fédéral doit s’approprier davantage la sécurité, et nous devons collectivement continuer à soutenir les FSS dans le maintien de la pression sur Al-Shabaab. Même si Al-Shabaab fait preuve de résilience, il n’a pas une résurgence. Au niveau de l’Union Africaine et des Forces de Sécurité Somaliennes, nous faisons tout notre possible pour faire en sorte qu’Al-Shabaab ne puisse pas exploiter les préparatifs de la phase 2 du retrait.
Quatrièmement, comme mentionné précédemment, l’Union Africaine a réalisé d’importants investissements dans le secteur de la sécurité en Somalie. Nous avons joué un rôle essentiel dans le maintien de la sécurité en Somalie, et cela a été possible grâce au soutien indéfectible de nos partenaires stratégiques tels que le Royaume-Uni, les États-Unis, les Nations Unies et en particulier l’Union Européenne, qui ont tous soutenu la Somalie depuis 2007.
Mais à l’approche de 2024, nous devons orienter notre discussion vers l’après-ATMIS – un sujet que nous aborderons lors de la séance de l’après-midi. Il s’agit également d’une question prioritaire pour l’Union Africaine, et nous pensons que la stratégie de sortie de l’ATMIS doit être ordonnée et coordonnée. Cela nécessitera que l’Union Africaine écoute attentivement le gouvernement fédéral sur le futur cadre de sécurité qui pourra le mieux répondre aux besoins de sécurité de la Somalie à partir de janvier 2025.
Avant la séance de l’après-midi d’aujourd’hui sur l’après-ATMIS, permettez-moi de partager quelques points mutuellement complémentaires sur un cadre de sécurité post-ATMIS.
En parvenant à un consensus sur ce qui suivra le départ de l’ATMIS en décembre 2024, l’Union Africaine est convaincue que cela doit être réaliste, tirer les leçons de la transition de l’AMISOM, être inclusif et bénéficier du plein soutien du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS/UA).
Je vous remercie.